Histoire du mois de Ramadan

Jeudi 17 Mai 2018-00:00:00
' Père Gérard Viaud

Le jeûne du mois de Ramadan a été institué par le prophète Mahomet en l’année 624 de notre ère, mais la pratique du jeûne, chez les Arabes, était antérieure à cette date.

En effet, comme tous les peuples de l’Antiquité, les Arabes observaient des interdits alimentaires pour des raisons religieuses ou sociales. Au cours de certaines périodes de l’année, à l’occasion de la célébration de grands événements, ils s’abstenaient de toute nourriture pendant la journée.

A l’époque du prophète Mahomet, Chrétiens, Juifs et Arabes vivaient côte à côte dans cette presqu’île arabique où est né l’Islam. Ils avaient tous leurs périodes de jeûnes. Un verset du Coran souligne: «Le jeûne vous est prescrit comme il a été prescrit à tous ceux d’avant vous.»

Selon la tradition musulmane, le jeûne du mois de Ramadan aurait été ordonné par Dieu à Abraham, le père des croyants. Les Juifs et les Chrétiens apportèrent à ce jeûne primitif un certain nombre de changements, toutefois les Coptes restèrent fidèles à la tradition primitive en jeûnant jusqu’aux étoiles, c’est-à-dire jusqu’au coucher du soleil comme cela avait été demandé à Abraham. Ce patriarche serait ainsi à l’origine du jeûne diurne tel qu’il est pratiqué par certaines communautés chrétiennes et pendant le mois de Ramadan.

La tradition rapporte que le prophète Mahomet institua un jeûne de dix jours au début du mois sacré de Moharram qui correspondait avec le début de l’année lunaire qui régit le calendrier musulman de l’Hégire. Le Prophète a vaitinstitué ce jeûne lors de son séjour à Médine au cours de la première année de l’Hégire.

Ce jeûne de dix jours existait d’ailleurs chez les Juifs dans la presqu’île arabique pour commémorer le passage de la mer Rouge de Moïse avec son peuple.

Mais le prophète Mahomet institua, par la suite, le jeûne du mois de Ramadan après une victoire sur les Mecquois. En effet, après s’être installé à Médine, ayant quitté la Mecque, le Prophète eut sans cesse des démêlés avec les habitants de cette ville qu’il avait quittés n’ayant pas réussi à leur faire embrasser la foi monothéiste. En l’année 624 de notre ère, le Prophète remporta une victoire sur une caravane mecquoise. Cette victoire eut pour lui une signification religieuse et il décida alors l’institution du jeûne pendant le mois de Ramadan. Il voulut aussi se démarquer de la tradition juive qui célébrait les dix jours de jeûne du mois de Moharram. Ces Juifs, d’abord bienveillants à l’égard de Mahomet, devenaient de plus en plus réticents à ses doctrines, qui étaient pourtant celles d’Abraham. Ces Juifs étaient o dieux à l’égard des premiers croyants.

Ce fut pendant ce mois sacré de Ramadan que Dieu rêvé sa loi au Prophète en lui transmettant le Coran.

Dès son institution, le jeûne du mois de Ramadan fut réglementé d’une manière très précise pour célébrer cette période pendant laquelle le Coran était descendu. Un verset du livre saint précise cette législation: «Le mois du Ramadan, durant lequel le Coran est descendu, est une direction pour les hommes… Quiconque d’entre vous est présent en ce mois, qu’il le jeûne», mais en est exempté celui qui est malade ou en voyage. «Dieu réclame de vous le facile», dit le Coran, «et veut point de vous le pénible.»

Pendant tout le mois de Ramadan, les croyants s’abstiennent de toute nourriture et boisson, même l’eau et les cigarettes, pendant le jour, depuis l’aube jusqu’au coucher du soleil. Les fidèles ne mangent que pendant la nuit. Une règle existe pour déterminer ce temps: «Mangez et buvez, alors, jusqu’à ce que soit distinct pour vous le fil noir du fil blanc de l’aube», est-il prescrit dans le Coran. Il est bien connu, dans toutes les civilisations et les religions, que le jeûne est la santé de l’âme et du corps. Une rupture des habitudes gastronomiques ne peut faire que du bien.

Dans l’Islam, le jeûne du mois de Ramadan exprime un élan de piété vers Dieu. Le croyantes père trouver dans ce jeûne une expiation à ses fautes en même temps qu’un moyen d’obtenir la miséricorde divine le jour du jugement. Mois d’épreuve et d’exaltation de la vraie foi, le Ramadan est aussi un mois d’ébranlement mystique et psychique causé par l’anomalie de l’existence matérielle, les heures des repas et du sommeil entre autres.

Les excès d’ascétisme auxquels les croyants pourraient se livrer au cours de ce mois de Ramadan sont vivement réprouvés par les doctrines islamiques. La tradition rapporte le cas d’un fidèle qui observait le jeûne pendant 36 heures de suite. Il rompait alors je jeûne qu’il reprenait pour 36 autres heures et ainsi de suite pendant tout le mois de Ramadan. Dieu, dit-on, n’accepta pas son jeûne.

Cette période du mois de Ramadan a une grande importance dans la vie musulmane car, selon les enseignements du prophète Mahomet, si la prière conduit les hommes à la moitié du chemin vers Dieu, le jeûne, lui, permet d’arriver aux portes du ciel.

Le jeûne a donc une valeur spirituelle de très grande importance. De plus, il est un facteur d’équilibre pour le corps humain et le Prophète avait coutume de dire: «Le jeûne est la santé.»

En plus des considérations spirituelles et sanitaires du jeûne, cette période du mois de Ramadan est une guerre sainte. En effet, ce mois donne la possibilité au croyant de lutter contre ses faiblesses, ses défauts, ses comportements qui ne sont pas conformes avec la volonté de Dieu. Le jeûne lui apprend à se comporter en maître à l’égard de ses passions. Il lui permet encore d’éprouver la faim des pauvres et il est l’occasion, pour les plus riches, de penser à ceux qui sont démunis, les déshérités de la terre.

Le jeûne du mois de Ramadan est tellement beau et élevé qu’il n’appartient pas aux hommes, mais à Dieu qui le recommande à ses créatures. Un hadith célèbre rappelle cette réalité: «Toutes les œuvres des fils d’Adam leur appartiennent, sauf le jeûne qui est à Moi. C’est Moi», dit Dieu, «qui le récompense.»

Le mois de Ramadan est comme un long chapelet d’ambre parfumé qui s’égrène pendant 30 jours à travers la vie des croyants avec des horaires spéciaux pour le manger, le sommeil et le travail, avec la fête familiale et amicale de chaque jour au cours des repas et pendant les veillées.

Le mois de Ramadan est une atmosphère transformée par les appels à la prière tombés du haut des minarets des mosquées, les chants religieux, les tambours des messaharatis, les radios et les télévisions.

Le mois de Ramadan est un long chapelet qui relie l’homme à Dieu et enserre les croyants en une gerbe unique d’amour et de solidarité.